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INTERDICTION DU PLOMB DANS LES MUNITIONS
REPERCUSSION SUR LES ARMES


Mercredi 22 janvier 2020
    
Legislation chasse

Interdiction du plomb dans les munitions,
les répercussions possibles sur l’usage de nos armes

 
©Collection Beretta 695 Field

Il y a quelques jours, nous avons appris que la Commission Européenne s’apprêtait à interdire l’usage du plomb de chasse (voir notre Entretien avec David Scallan du 13/01/20). Même si ce n’est pas encore entériné, nous avons sollicité notre expert armurier Jean-François Jacquet pour comprendre les conséquences d’une telle suppression dans le cadre de l’utilisation des cartouches, des fusils et des carabines sur le sol français.

Jean-François, cette interdiction de l’usage du plomb va-t-elle uniquement toucher les chasseurs ?
Non, je ne le crois pas, l’interdiction concernera les tireurs sportifs sur cible, les ball-trappeurs et les chasseurs. Le plomb est le matériau composant les projectiles depuis l’invention des armes à feu, dont les principes balistiques ont été construits autour de l’emploi de ce métal. Son interdiction va bouleverser les habitudes ancestrales des chasseurs et des tireurs, et conduire, par nécessité, à l’utilisation d’autres matériaux.

Il existe pourtant déjà des substituts au plomb utilisés notamment en zone humide ?
Oui bien sûr, l’usage de grenaille de plomb est déjà interdit pour la chasse dans les zones humides, où différents substituts sont employés, tous plus durs que le plomb. Par densité décroissante : sphérotungstène, bismuth, cuivre, fer doux, alliage de zinc et d’étain.
 
Collection Tunet – © Vincent Bouvin - Illustration source : chassons.com

Quelle est la différence de prix entre les différents substituts?
Pour les cartouches courantes, le coût d’une boîte de 25 cartouches de chasse de grenaille d’acier est compris entre 10€ et 20€, celui des autres matériaux est au moins égal à 30€. Par rapport aux autres substituts, le coût et l’efficacité correcte de l’acier l’a conduit en tête des approvisionnements. Ces munitions sont séparées en deux catégories :
Les cartouches ordinaires, ou basse pression, chambrées 70mm, ne dépassant pas le n°4 ; elles peuvent être tirées dans tous les fusils chambrés en 70mm.
Les cartouches à haute pression, destinées aux seuls fusils éprouvés à cet usage.


Cela va-t-il changer nos reflexes s’agissant des grammages de plomb que nous utilisons traditionnellement dans nos cartouches?
C’est certain, la différence de densité avec le plomb de 30%, fait correspondre le poids d’un grain de grenaille d’acier à celui d’un gabarit inférieur de deux numéros en grenaille de plomb (4 pour 6), le nombre des billes de grenaille est augmenté dans la même proportion. Au tir, la perte de vitesse de la grenaille d’acier est plus rapide que celle du plomb pour cause de densité inférieure, ce qui limite les tirs de cartouches ordinaires à environ 25 mètres au maximum. Dans ce type de chargement, les charges de 28g aux vitesses élevées, 420/430 m/s, seront préférées aux 32g ou 34g, moins rapides, qui demandent des corrections importantes.
Pour les autres matériaux des cartouches ordinaires, les chargements sont à bourre à jupe, chambrés 70mm, et n°4 maximum. Les exceptions sont le bismuth qui peut être chargé avec une bourre grasse, et le zinc/étain (densité inférieure à l’acier) dont le gabarit peut être supérieur au n°4. A remarquer que la nouvelle bourre ACP de VOUZELAUD permet à ce fabricant de charger de la grenaille de cuivre en 67mm, à basse pression, jusqu’au n°4.

 
Fusil semi auto Beretta A400 Upland ©Collection Beretta - Illustration source : chassons.com
 

Et s’agissant des chasseurs de migrateurs ?
Pour le tir des canards et des oies, le chasseur de zone humide n’utilise que des cartouches à haute pression. L’absence de malléabilité de la grenaille d’acier, et la nécessité d’effet de choc pour le tir des oiseaux conduit, souvent, à utiliser une grenaille d’acier dont le gabarit est  supérieur de trois numéros à celui employé habituellement en grenaille de plomb.  La combinaison d’une faible densité du matériau, et de l’utilisation d’un plus gros diamètre de grenaille entraîne une perte de vitesse plus rapide de la charge d’acier que de son équivalent plomb. Pour rattraper une performance acceptable, les fabricants ont réglé leurs cartouches à de très hautes vitesses initiales, dans les environs de 420m/s, à 430m/s, mais en développant jusqu’à 900 bars de pression.
Le tir de ces munitions demande une adaptation du tireur par rapport à celles qui sont chargées de plomb : la charge de grenaille d’acier possède une vitesse supérieure à courte distance mais inférieure à distance moyenne, les corrections sont plus faibles de près, et augmentent plus rapidement avec la distance. Les cartouches destinées aux tirs à moyenne distance ne possèdent pas la polyvalence des charges de plomb destinée à sécher un colvert à 35 mètres. Les tirs de gabion sur gibier posé, à plus de 35 mètres seront effectués avec des cartouches chargées de sphérotungstène (uniquement haute pression), dont la densité supérieure à celle du plomb lui donne plus d’efficacité aux grandes distances.

 
 
©Collection Browning Fusil B725 Hunter- Illustration source : chassons.com
 

Les chasseurs devront-ils changer de fusil ?
Certains oui, vous savez l’arme idéale pour le tir des cartouches à haute pression est une arme adaptée portant le poinçon d’épreuve de la fleur de lys. La création récente de cette catégorie d’arme engendre qu’elle ne représente qu’une petite partie du parc des armes de chasse.Les difficultés et les coûts des aménagements techniques de mise en capacité de tirer des cartouches à haute pression dans une arme ancienne, leur éventuelle impossibilité, les risques de destruction par la sévérité de l’épreuve, vont contraindre de nombreux chasseurs à l’achat d’une nouvelle arme.
Pour illustrer ce propos : la pression de 900bars qui est couramment atteinte par les munitions à haute performance, était autrefois une pression d’épreuve d’armes chambrées en 70mm…Ces nouvelles contraintes risquent de conduire à l’abandon de toutes les armes qui ne sont pas chambrées en 70mm, ainsi qu’ainsi qu’à une perte de valeur pour celles qui ne pourront plus qu’être utilisées pour des tirs à petite distance en utilisant des cartouches de coût élevé. Pour plus de commodité, de nombreux chasseurs seront conduits à investir dans une nouvelle arme.
 
©collection Chapuis, Express X4 - Illustration source : chassons.com
 

Et s’agissant des armes rayées ?
Pour le tir dans les armes rayées, les substituts sont déjà proposés : balles de cuivre, ou balles composées d’un noyau d’étain chemisé. Elles seront toutes plus légères, et plus longues, que celles de plomb : un réglage des systèmes de visée s’imposera, il ne peut pas être exclu que certains canons perdront en précision.
Une difficulté va se présenter pour le réglage des carabines express dont les convergences sont établies avec des balles de plomb : une partie de ces armes devra subir un nouveau réglage de convergence des canons, ils devront être dessoudés, recalés, ressoudés, rebronzés. Moins malléable que le plomb, le projectile de cuivre doit être traité thermiquement pour être rendu plus ductile, et une pointe creuse doit être aménagée pour assurer et garantir l’expansion. L’étain composant le noyau des autres balles se fragmente à l’impact : il ne pourra qu’être utilisé qu’à l’approche.


Et enfin  pour les 22LR et les carabines à air comprimé ?
Pour les armes de tir de calibre 22LR, et à air comprimé, il semble que des projectiles en étain ont déjà été proposés sans qu’aucune évaluation des résultats de précision ne soit connue. Des balles de cuivre équipent déjà certains chargements de munitions d’armes de poing. Leur coût est supérieur aux balles de plomb, et la fabrication des projectiles ne sera plus à la portée des tireurs rechargeurs. Aux disciplines de tir sur plateaux, les cartouches d’acier de n° 7 sont à basse pression, tirées par tous les fusils et tous les chokes ; la grenaille d’acier n’est pas adaptée aux grands tirs. Nos compétiteurs internationaux ne seront plus en capacité de s’entraîner sur les plus longs tirs, et d’y être performants, à moins d’aller séjourner à l’étranger…

 
 
L’armurier Pisteurs Jean-François Jacquet – Armurerie Jacquet (76)
Publié par : chassons.com

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