Classification
La bécasse appartient à l'ordre des charadriiformes, oiseaux échassiers ayant pour type le pluvier, et caractérisés par de longues pattes, des ailes longues et pointues, un bec long et fin et un habitat souvent aquatique. La bécasse est le seul échassier exclusivement sylvestre.
L'ordre des charadriiformes comporte plusieurs familles. Notre bécasse appartient à celle des scolopacidés. Ses plus proches parents sont les bécassines et les barges, échassiers ayant en commun un long bec étroit garni de corpuscules tactiles très efficaces pour repérer les proies dans les sols meubles.
Le genre d'appartenance de la bécasse des bois est scolopax, et son espèce rusticola.
Parmi les autres espèces de bécasses vivant dans le monde, citons la bécasse d'Amami (scolopax rusticola mira) qui est une sous-espèce de scolopax rusticola et qui vit dans les îles japonaises.
Quatre autres espèces de bécasses habitant l'Est de l'Amérique du Nord et le Sud-Est asiatique : la bécasse américaine : scolopax minor, la bécasse molukoise : scolopax rochussenii, la bécasse des Celèbes : scolopax cele-bensis, et la bécasse javanaise : scolopax saturata.
Les petits échassiers et les oiseaux de rivage sont couramment appelés "limicoles" du fait qu'ils vivent surtout sur le limon et la vase qui bordent le lit et les rives des cours d'eau. La bécasse elle, mérite plutôt la dénomination "d'humicole" car elle affectionne plus particulièrement les biotopes de sous-bois abondants en humus où pullulent vers, larves et insectes divers.
Morphologie
La bécasse des bois est un oiseau trapu, au corps arrondi, de la grosseur d'un pigeon.
Le plumage
La couleur du plumage, mordorée, est un harmonieux mélange de roux, de jaune brun, de gris, de noir et de fauve. Très mimétique, ce plumage s'avère très adapté à la vie en sous-bois, au point qu'il est presque impossible de distinguer une bécasse tapie sur un lit de feuilles mortes.
Les teintes subtiles et délicates du plumage de la bécasse ont inspiré les naturalistes comme Toussenel qui le décrit comme "une riche bigarrure de plaques noires et de bandes longitudinales sur un fond roux, la couleur-type du gibier à plumes, s'il en existe une".
Buffon lui, cite "tes beaux effets de clair-obscur que ces teintes hachées, fondues, lavées de gris, de bistre et de terre d'ombre y produisent".
La queue
Est composée de douze rectrices sombres. Les extrémités de ces plumes sont cendrées sur la partie supérieure et d'un blanc pur en-dessous.
La plume du peintre ou épiptère
Vestige de la onzième rémige atrophiée, implantée sur la phalange du second doigt, en avant des rémiges primaires cette plume de bécasse, encore appelée pinceau ou surrémige a la particularité d'être souple et rigide à la fois.
Longue de 3 cm environ, de forme lancéolée et pointue, elle a toujours séduit les peintres désireux d'apposer sur leurs toiles des touches fines et délicates, ainsi que les horlogers qui s'en servent pour nettoyer les mouvements compliqués des horloges.
Les chasseurs de bécasses ont aussi l'habitude d'arborer sous forme de trophée, la plume du peintre fixée à leur chapeau.
Le plumet uropygien, situé à la base du croupion, est utilisé par les pêcheurs suédois pour fabriquer des mouches artificielles pour la pêche.
Aberrations de plumage
Des cas rarissimes d'albinisme peuvent être observés dans quelques musées ornithologiques, mais rares sont les chasseurs ou les naturalistes ayant été témoins de telles rencontres dans la nature.
L'isabellisme (couleur beige) et l'albinisme partiel (taches blanches éparses) sont parfois signalés par les chasseurs.
La tête
Si on observe la tête d'une bécasse, on remarque des rayures sombres transversales sur le sommet du crâne, alors que chez la bécassine, ces rayures sont longitudinales.
Le bec
C'est lui qui a donné son nom à l'oiseau dans la plupart des langues et dialectes. "Woodcock" en anglais, signifie coq des bois, "gallina viega" en espagnol : poule aveugle (on ne sait trop pourquoi), "scolopax" en grec, "bécasse" en français, "becaccia" en italien, "schnepfe" en allemand. Toutes ces appellations ont pour racine commune un mot qui signifie pointe ou bec.
La longueur du bec varie en général de 63 à 75 mm. Ce long bec droit constitue l'organe essentiel de la bécasse. Cet appendice, très innervé, est pourvu de corpuscules tactiles appelés "corpuscules de Herbst" qui lui assurent la qualité d'un organe des sens. Il peut détecter les plus petites vibrations émises dans le sol par toutes sortes d'animalcules en mouvement.
Il s'agit en quelque sorte d'une pince de précision permettant à l'oiseau d'extraire les insectes et les vers du sol sans ouvrir le bec ; en effet cet instrument a la particularité de pouvoir s'ouvrir au tiers environ de son extrémité sans que les mandibules ne s'écartent. De plus, la face interne de la mandibule supérieure et la langue sont munies d'échancrures permettant de faire progresser les aliments vers la bouche sans que l'oiseau ait à ouvrir le bec. Le bec enfoncé dans le sol, la bécasse peut donc avaler des proies par de simples mouvements de la langue.
Bécasses brévirostres
Cette appellation est réservée aux bécasses dont le bec est court et n'excède pas 50 mm. Ces bécasses sont considérées par certains scientifiques comme faisant partie d'une sous-espèce, fruit par mutation d'une sélection novatrice.
Les pattes
La plupart des échassiers ont de longues pattes, la bécasse elle, a les pattes courtes. Elles sont recouvertes de plumes jusqu'à l'articulation du tarse. Le pied a quatre doigts : trois antérieurs dont la longueur est de 4 à 5 mm, le plus long étant celui du milieu, et un postérieur, plus haut placé et ne touchant pas le sol.
Les doigts, fins et allongés se terminent par un petit ongle pointu.
La couleur des pattes varie du gris jaunâtre ou bleuâtre couleur plomb, au gris clair rosé.
Les ailes
De forme arrondie, leur ossature est plutôt faible. Fortement musclées, elles permettent à l'oiseau de soutenir des vols migratoires dur de longues distances, ainsi que de s'élever brusquement dans les airs pour fuir un éventuel danger. Lorsqu'elle s'envole la bécasse émet de part ses ailes un "fla-fla" bien caractéristique qui émeut toujours le chasseur. L'allure du vol est toujours précipitée et tanguée.
L'ouïe
Les orifices auriculaires se trouvent placés sous les yeux, cette position est exceptionnelle chez les animaux, ces orifices étant en général placés en arrière des yeux.
Cette disposition originale permet à l'oiseau en quête de nourriture d'écouter ce qui se passe au ras du sol lorsque son bec y est planté.
La bécasse est dotée d'une ouïe très fine, tous les chasseurs bécassiers peuvent en témoigner.
L'œil
Le poids
Le sexe de la bécasse
Il est impossible de différencier le mâle bécasse de la femelle avec évidence par la recherche des signes extérieurs.
Seule une minutieuse dissection afin de déceler les testicules ou l'oviducte, permet de reconnaître les sexes avec certitude.
La localisation de l'oviducte est difficile car, en dehors de la période de nidification, celui-ci est hypertrophié. Pour mieux le repérer, il est conseillé d'ouvrir le ventre du sujet du côté gauche, car seul l'oviducte gauche fonctionne, le droit étant atrophié et réduit à l'état de vestige.
Les testicules sont plus apparents, ils sont doubles et inégaux, on doit les rechercher du côté des reins, en hiver leur grosseur est celle d'un grain de millet, alors qu'au printemps et en été elle atteint celle d'une lentille.
En dehors de cette méthode, on peut utiliser quelques indices de sexualité faisant appel à des données biométriques.
Examen du bec
- Si la longueur du bec est comprise entre 63 et 66 mm (longueur mesurée de la pointe de la mandibule supérieure à la commissure des mandibules), il y a 75% de chances qu'il s'agisse d'un mâle.
- Si cette longueur est comprise entre 65 et 69 mm, on a autant de chance d'avoir un mâle qu'une femelle.
Si elle est comprise entre 68 et 74 mm, la probabilité d'avoir une femelle passe à 75%.
Si encore cette longueur est supérieure à 74 mm, on est pratiquement certain d'être en présence d'une femelle.
En réalité cette méthode n'est vraiment fiable que pour les oiseaux ayant un bec de plus de 74 mm.
L'écart calculé sur plusieurs centaines de bécasses est peu important, entre 2 et 3 mm.
Des études réalisées par des experts comme Fadat et Stronach, démontrent que la longueur de la queue du mâle est un peu plus grande que celle de la femelle (2 à 3 mm), l'aile du mâle est elle aussi plus longue que celle de la femelle (moins de 3 mm).
En combinant les trois critères (longueur de la queue, de l'aile et du bec, chacune de ces dimensions étant calculée à partir des racines de la queue, de l'aile et du bec) on obtient une équation qui permet d'obtenir une identification du sexe
En se basant sur cet indice moyen, on obtient un résultat qui, sans être infaillible, limite toutefois les risques d'erreur.
Nourriture
La bécasse a une nourriture très variée et adaptée aux conditions locales.
Alimentation minérale
Comme beaucoup d'oiseaux, la bécasse absorbe des petits graviers ou des grains de sable indispensables pour la fragmentation mécanique des aliments.
Alimentation animale
Le régime alimentaire de la bécasse est à base de vers de terre, de larves d'insectes et d'insectes de toutes sortes, aquatiques ou terrestres. L'examen des contenus stomacaux révèle souvent la présence de larves de libellules, de moustiques, de moucherons, d'araignées d'eau, d'éphémères, de lombrics, de petites limaces, de petits crustacés, d'escargots, de coléoptères (carabes), d'insectes coprophages se trouvant dans les bouses des bovins ou dans les "fumées" des cervidés, de sauterelles, d'araignées, de scolopendres (mille-pattes). Plus rarement, la bécasse peut se nourrir d'asticots prélevés sur les cadavres d'animaux sauvages.
Alimentation végétale
E. Lebeurier recueille des filaments végétaux dans 33 gésiers sur 41 examinés, ce qui représente 95% de matières végétales.
En plus de leur rôle alimentaire, ces filaments interviendraient sous forme de pelotes pour faciliter l'évacuation des débris chitineux. Parmi ces composants végétaux, on peut trouver des radicelles, du duvet d'aigrettes d'Eriophore, des crucifères, des papilionacées...
On a trouvé également des graines en petite quantité, d'avoine, de maïs, de blé, des baies de genièvre, de sorbier, d'airelle rouge, de myrtille.Comme beaucoup d'oiseaux, la bécasse absorbe des petits graviers ou des grains de sable indispensables pour la fragmentation mécanique des aliments.
Habitat de la bécasse
L'aire de répartition de la bécasse des bois intéresse presque toute l'Eurasie et une partie de l'Afrique du Nord.
Dans les pays chauds, on la rencontre dans les forêts de montagnes, elle ne descend vers les côtes qu'en hiver.
En période de reproduction
La bécasse occupe la plupart des pays d'Europe avec comme limite méridionale sur la façade maritime occidentale les Pyrénées et la chaîne cantabrique en Espagne, et comme limite septentrionale le tiers supérieur de la Scandinavie.
Pour l'Europe Centrale, les limites se situent au niveau des Alpes et du Nord de la forêt boréale russe. En Asie, l'aire de répartition limitée en gros par les 50° et 60° Nord, correspondant aux zones occupées en Sibérie par ce type de forêt.
Elle se poursuit vers l'Orient jusqu'à l'île de Sakhaline et l'archipel japonais. On peut citer deux aires de nidification isolées, l'une dans l'Himalaya en moyenne altitude, l'autre dans le Caucase. Il existe des individus sédentaires dans les iles de l'Atlantique situées au Nord-Ouest de l'Afrique, les Canaries, les Açores et Madère.
Les zones d'hivernage par contre, sont moins étendues et ne représenteraient qu'un centième en superficie des zones de nidification. Elles intéressent le Sud de la Scandinavie, l'Angleterre, les pays Baltes, les pays Européens en bordure
de la mer du Nord, de l'Atlantique et de la Méditerranée, l'Atlas marocain, une partie Ouest du Proche Orient, le Sud Est asiatique et le Japon.
En France, la bécasse des bois niche dans la quasi-totalité des départements. 87 départements sur 91 selon une étude de l'Office National de la Chasse. Cette information justifie l'interdiction de la chasse au printemps et apporte un argument supplémentaire à ceux qui préconisent une fermeture anticipée. Ces oiseaux nicheurs sont considérés comme sédentaires ou erratiques.
Le Sud-ouest de la France est survolé en automne par une importante population de bécasses migratrices qui vient grossir de façon sporadique, l'effectif des bécasses indigènes. Une partie des ces migrateurs va hiverner dans nos régions pendant quelques mois en attendant les mois de Février, Mars pour retourner vers leurs pays d'origine, nordiques ou continentaux.
Oiseau discret par son plumage et par ses mœurs, la bécasse des bois n'a pas fini d'intriguer chasseurs et naturalistes qui s'interrogent encore sur l'évolution de l'espèce. Les techniques modernes de repérages, notamment la radio télémétrie, vont désormais permettre à l'homme amoureux de ce splendide oiseau gibier de mieux le cerner, le comprendre, donc de mieux le gérer et le protéger.