Dans les causses du Méjean (Lozère), il existe un lièvre entièrement noir. Loin d’être une légende, il est bien connu des chasseurs locaux, qui font régulièrement sa rencontre.
- S’il s’en prélève un individu de temps à autre, les chasseurs de Lozère en gardent tout de même une impression de mystique. Observé à plusieurs reprises dans son milieu naturel lors d’opérations de comptages de nuit, le lièvre mélanique semble être endémique aux causses du Méjean. En effet, il n’est fait aucune autre mention d’observation d’un tel animal dans le reste de la Lozère, ni sur le territoire national. Du grec « melas » (noir) le mélanisme est un phénotype animal caractérisé par la couleur entièrement noire. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un lièvre comme les autres. Toutefois, c’est un trésor de plus pour la Lozère qui peut se targuer d’être le seul territoire de prédilection de ce lièvre unique.
Connaître le comportement du lièvre est une des conditions essentielles pour mieux le chasser. Il reste sans doute le gibier le plus mystérieux. C'est un casse-tête où chiens et chasseurs arrivent à perdre leur latin… Certains parlent de ruses, d’autres n’y voient que des réactions naturelles. En tout cas, avec, lui ce n’est jamais gagné d’avance !
Vieille tradition française pratiquée en France depuis près de 20 siècles, la chasse du lièvre aux chiens courants a été à l'origine de la sélection de nos plus prestigieuses races de chiens courants. Parmi les races les plus appréciées, les Ariégeois, le petit bleu de Gascogne , le petit Gascon Saintongeois, le Griffon bleu de Gascogne, le Briquet Griffon Vendéen, le chien d'Artois, le Beagle-Elisabeth, le Bruno du Jura, le Lucernois.
Un équipage de chien créancés sur la voie du lièvre et très collés à la voie sera en général composée de 6 chiens : 2 quetteurs, 2 lanceurs, 2 meneurs. Comme pour chasser le sanglier la meute devra être homogène : les chiens bien ameutés et de même train, fins de nez et bien gorgés.
La voie du lièvre est une voie subtile, légère et difficile à suivre et les chiens courants auront souvent bien des difficultés à démêler cet écheveau de voies entre croisées que le lièvre aura tracé avant de se gîter. D'instinct et probablement par sécurité pour échapper à ses prédateurs, le lièvre effectue plusieurs retours sur lui-même en croisant ses voies, l'accès au gîte se fait souvent après un grand bond. La chasse traditionnelle du lièvre aux chiens courants se pratique le plus souvent en équipe de 3 ou 4 chasseurs aidés 6 chiens courants. Le propriétaire de la meute, le "meneur de chiens " ne découplera ses chiens que sur des places à lièvres connues, il chassera la plupart du temps sans fusil, son seul souci étant d'orchestrer une belle quête, un beau lancer et une belle menée. La progression sur le terrain se fera lentement afin de laisser aux chiens le temps de démêler la quête.
Au sol, des touffes de poils aux extrémités noires attestent d'un combat entre bouquins, les crottiers, eux, donneront des indications précieuses sur le sexe de l'animal ; les petites crottes pointues éparses sur le lieu de gagnage sont celles d'un mâle, celles plus grosses et plus rondes et en forme de petits tas sont celles de la hase.
Les gîtes, sortes de petites dépressions naturelles, que le lièvre a imprimé au sol, vont renseigner le chasseur sur la présence ancienne ou récente du gibier. Le lièvre possède plusieurs gîtes où il se repose le jour, ces gîtes sont choisis en fonction du vent, de la saison ou de la température, ce peut être dans un labour, un pré, une culture, dans les vignobles au pied d'une vigne, au pied d'un arbre. Le lièvre est très actif la nuit qu'il consacre presque exclusivement à la recherche de nourriture surtout végétale. Après le ramassage des récoltes, il va se réfugier dans les bois. Par contre, le bruit du vent dans les branches, la chute des feuilles en automne lui feront quitter le bois car il ne s'y sentira plus en sécurité, n'entendant pas venir ses ennemis.
Par temps de gel, on peut le trouver près d'un cours d'eau. Confiant dans son mimétisme, il ne va pas fuir systématiquement à l'approche de l'homme ou du chien, les yeux exorbités, les oreilles collées au corps, il va se raser au maximum dans une immobilité absolue et ne prendra le parti de la fuite discrète qu'une fois le danger passé. Plus rarement, lorsque le chasseur aperçoit le lièvre gîté, il évitera de le débusquer devant les chiens qui risqueraient de le poursuivre à vue. Il préférera privilégier le suivi d'une voie chaude, le nez collé au sol.
Pas question bien sûr " d'assassiner " le lièvre au saut du gîte, la consigne de rigueur pour les tireurs postés étant de ne tirer le lièvre qu'au terme d'une belle menée afin qu'il soit vraiment mérité et que toute l'équipe aie pu apprécier le travail des chiens. S'il y a une jouissance dans cette chasse c'est bien dans la difficulté que représente la recherche de la voie légère d'un animal extrêmement méfiant et rusé. En début de saison par exemple, sur une terre chaude fraîchement détrempée, les émanations laissées par le capucin seront nulles, et le meilleur des chiens ne prendra pas connaissance de la voie même si elle est chaude.
Un brouillard épais et persistant n'est pas non plus très favorable, de même les vents du Sud, du Sud Est, et de l'Est, les meilleurs vents semblent être ceux d'Ouest et de Nord Ouest.
La meilleure saison pour chasser le lièvre débute vers la mi-octobre et se poursuit jusque vers la fin décembre en fonction bien sûr des arrêtés de fermeture. A partir du mois de novembre, la chasse du matin au petit jour semble être la plus prisée par les chasseurs de lièvres ; on parle alors de " matinée ". Les chiens prendront connaissance d'une voie de nuit plus tenace et plus chaude dont les effluves s'estomperont vers le milieu de la journée pour s'améliorer le soir. On ne pourra jamais prévoir à l'avance la qualité d'une voie, les éléments naturels et surtout la qualité de nez des chiens feront la différence.
Le lièvre une fois débusqué va mettre le plus de distance possible entre lui et les chiens, il préférera s'enfuir sur un terrain qui monte que sur une descente. S'il juge qu'il a pris une avance suffisante sur les chiens on dit alors qu'il se forlonge, il va s'arrêter, écouter les chiens, et comme il est très casanier et fidèle à son territoire il finira souvent par revenir sur le lieu du lancer non sans avoir auparavant utilisé mille ruses pour dérouter la meute.
Pour ce faire, il va doubler sa voie, il reviendra plusieurs fois sur ses pas, il suivra volontairement les chemins goudronnés où le sentiment de sa voie s'évanouira, il traversera un troupeau pour brouiller les pistes. Il nagera sur une portion de cours d'eau en longeant le bord sur quelque mètres puis traversera de l'autre côté. Il peut encore utiliser des cachettes insolites comme un tronc d'arbre creux penché à un mètre du sol, le vieux mur d'une masure écroulée, un outil agricole abandonné momentanément.
Les bons postes à lièvre sont souvent matérialisés par des repères, comme un croisement de chemins, un arbre isolé ou appartenant à une espèce différente de ceux qui l'entourent, près d'une cabane, d'un poteau électrique, etc...
A moins d'une modification importante du biotope pour cause d'aménagements agricoles par exemple, on retrouve invariablement ces postes d'une année à l'autre. Si le chasseur posté sait rester immobile, le lièvre mené, du fait qu'il est quasiment myope, peut se diriger droit sur lui jusqu'à lui passer au ras des bottes. Dans ce cas, le chasseur aura le choix de tirer devant lui à une trentaine de mètres en pensant toujours à devancer l'animal suivant sa vitesse pour ne pas faire derrière ou bien il laissera passer le gibier et visera un peu au dessus des oreilles.
Les plombs les mieux adaptés pour occire proprement un lièvre adulte semblent être le n°6 ou 5, dans le canon droit, le n°4 ou 2 dans le canon gauche. Pour les fusils automatiques pouvant tirer 3 cartouches, la première cartouche chargée en plomb n°5 et les 2 suivantes en n°4 pareront à toute éventualité.
La charge de plombs s'avère toujours plus meurtrière sur un lièvre tiré par le travers le corps étiré dans sa course, que sur lièvre tiré par cul, surtout en arrière saison où la bourre épaisse du train arrière peut amortir les plombs qui vont s'écraser sous la peau sans traverser la chair. L'utilisation de plombs durcis et nickelés semble un choix judicieux.
Règle d'or : Ne jamais tirer un lièvre à plus de 35, 40 mètres.
Chasse : Le lièvre aux chiens courants (documentaire)
Chasse et pêche
Le Lièvre, avec son éternelle allure toujours inquiète, ses fabuleuses capacités d'accélération, reste l'animal mystérieux du monde sauvage qui peuple nos campagnes. Cette vidéo dévoile tous les secrets de la chasse aux chiens courants :
- Le travail des différentes meutes créancées sur le lièvre - La course du lièvre et ses ruses - Les stratégies du chasseur chevroné
Source : youtube.com
La protection du lièvre
Chassé de toutes sortes de façons et dans tous les milieux naturels, le lièvre ravit aussi les gastronomes
Il est donc important de fixer des règles de chasse méticuleuses afin de coller au plus près aux réalités de terrain et de ne pas mettre en péril le lagomorphe. Les préfets et les sociétés de chasse limitent les périodes de chasse pour ne pas mettre en péril les hases qui peuvent être encore allaitantes ou gestantes à l'automne. L'ouverture est ainsi souvent différée à fin octobre tandis que la fermeture sera parfois assez précoce pour ménager l'espèce.
Au-delà des périodes de chasse, il peut y avoir des actions sur le niveau des prélèvements et le plan de chasse est applicable au lièvre lorsque la situation départementale l'exige. La Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) est consultée par le préfet. Le tribunal administratif de Besançon vient, par un jugement du 13 octobre 2009, de confirmer que le préfet avait pu interdire la chasse au lièvre sur une partie du département lors d'une saison de chasse. Le tribunal a pris en compte les indices kilométriques d'abondance (IKA) qui lui avaient été fournis par la fédération des chasseurs. Ces données faisaient ressortir une population peu abondante qui justifiait un plan de chasse réduit à zéro sur cette partie du territoire.
Le plan de chasse peut être remplacé aujourd'hui par un plan de gestion qui est inscrit dans l'arrêté d'ouverture et de fermeture de la chasse dans le département, à l'initiative de la fédération des chasseurs.
Ce plan de gestion peut aller bien au-delà du plan de chasse et peut comporter diverses mesures :
périodes de chasse
limitations des prélèvements
sexage
pesage
analyse des cristallins
Comme on le voit, la gestion cynégétique possède aujourd'hui les outils adaptés à une chasse durable.
Charles LAGIER-Avocat Le Chasseur Français-Fév 2010