Il fallait s’y attendre, le 5° plan loup présenté lundi dernier est un savant mélange entre protectionnisme du grand prédateur et celui des éleveurs. A vouloir ménager la chèvre et le chou, les ministères qui l’ont élaboré n’ont réussi qu’une chose : une levée de boucliers du monde de l’élevage et de celui des pros loups.
- Nous vous en parlions lundi ( voir notre article ) et nous disions justement que ce plan loup est « un pansement un peu plus grand et plus doux sur un mal qui n’est pas soigné en profondeur ». Force est de constater que nous n’avions pas tort, les différentes parties concernées n’ont pas mis longtemps à réagir, et toutes contestent ce nouveau plan.a
- Dans un communiqué conjoint les différentes organisations agricoles * expliquent que : « Force est de constater que globalement la copie présentée ne fait que prolonger les modalités de gestion applicables depuis 2004 ». Elles regrettent que la préfète ne réponde pas à leurs demandes : « aucune avancée n’est perceptible sur l’évolution du statut du chien de protection pour dégager la responsabilité de l’éleveur en cas d’incidents. L’octroi d’avances aux agriculteurs obligés d’investir dans des moyens de protection coûteux demeure toujours impossible. Seule la possibilité de faire évoluer la méthode du comptage des loups demandée depuis de longs mois par la profession agricole semble ouverte mais pas acquise ».
- Les organisations agricoles demandent : « En conséquence, les mesures réglementaires à prendre doivent permettre de réguler le loup dont la population n’est plus sous contrôle. Selon les scientifiques, la viabilité du loup est assurée en France avec 500 individus et la population actuelle est estimée par l’OFB à 1104 individus. Aussi la profession agricole demande de simplifier les tirs de défense et leur mise en œuvre, de supprimer le plafond de destruction de 19% et de permettre aux éleveurs et aux chasseurs formés de disposer d’armes équipées de lunettes à visée nocturne ». * FNSEA : fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, JA : Jeunes Agriculteurs, FNO : fédération nationale ovine, FNB : fédération nationale bovine, FNPL : fédération nationale des producteurs de lait, FNC : fédération nationale du cheval et FNEC : fédération nationale des éleveurs de chèvres )
- Pour la Confédération paysanne : « le plan Loups 2024-2029 acte le manque d’ambition pour la protection de l’élevage plein air face à la prédation. Nous déplorons son extrême faiblesse qui ne manquera pas d’être vécue comme un nouvel affront par les éleveur·euses.. . La question centrale n’est plus celle de l’espèce – sa conservation étant assurée – mais bien celle de la prévention et de la gestion des conséquences de la prédation sur les troupeaux. Cela, le gouvernement ne l’a pas entendu ».
- Chez les pro loups, le mécontemment est à son comble. D’ailleurs lundi, les 6 organisations de protection de la nature (WWF, LPO, FNE, FERUS, ASPAS, Humanité & Biodiversité) ont claqué la porte du groupe loup et annoncé leur retrait de cette instance consultative « indignées par le contenu déséquilibré du nouveau Plan » . Et de poursuivre : « Le gouvernement fait ainsi le choix délibéré d’utiliser les dérogations juridiquement prévues dans le statut de protection pour organiser sans l’assumer une régulation cynégétique du loup en simplifiant les procédures d’abattage, empêchant le rétablissement d’une population viable de l’espèce sur son aire naturelle de répartition … En outre, ce plan contient de nombreuses inexactitudes et des affirmations mensongères, en particulier sur l’état de conservation de l’espèce en France et sur le bilan des dommages. ».